Les intellectuels et la gauche dans la Collaboration

6 janvier 2012 | Dossier, NRH

Les intellectuels et la gauche dans la Collaboration

Dossier de la Nouvelle Revue d’Histoire n°58, janvier-février 2012

Pourquoi les années 40 continuent-elles de fasciner à ce point ? Il faut sans doute tenir compte de leur présence récurrente dans les médias. Mais on peut penser aussi que pèse inconsciemment dans les mémoires le concentré chronologique de ces années-là. D’un jour à l’autre, la vision de la veille était bouleversée par le mouvement des armées en Russie ou en Asie. Dès que l’on examine d’un peu près le destin des acteurs français, ce qui frappe c’est à quel point il était imprévisible. Qui, en 1938, aurait imaginé le destin ultérieur du maréchal Pétain, celui de Pierre Laval, celui de Marcel Déat, celui de Jacques Doriot et de tant d’autres ? Et parmi ces destins, celui des intellectuels et des hommes de gauche engagés dans la Collaboration est certainement ce qui déconcerte le plus. Mais c’est une réalité en grande partie masquée. Le dossier que nous avons réalisé vise à révéler tout ce pan occulté de la période.

Au cours d’un entretien recueilli par Pauline Lecomte, Dominique Venner, auteur d’une Histoire de la Collaboration réputée, trace les contours réels de cette histoire qui ne se confond pas avec celle de Vichy (p. 34). Côté allemand, l’acteur politique principal était Otto Abetz. Charles Vaugeois en brosse le portrait réel et souligne ses intentions méconnues (p. 38). Côté français, on l’ignore souvent, la Collaboration s’est principalement nourrie de la gauche pacifiste et socialiste, ce que montre ici Francis Bergeron (p. 40). Le rôle de l’intelligentsia fut également prépondérant, favorisé par un acteur allemand trop oublié, Karl Epting, l’un des rares admirateurs germaniques de Céline (p. 44). Dans ce dossier, nous ne pouvions pas ignorer le personnage capital et fascinant que fut Drieu la Rochelle, ce que fait Julien Hervier, l’universitaire le plus averti à son sujet (p. 46). C’est un destin tout différent et très original que révèle Alain de Benoist en traçant le portrait de Georges Soulès, futur René Abellio (p. 50). Après quoi Antoine Baudoin propose un impressionnant Dictionnaire des nombreux hommes politiques de gauche engagés dans la Collaboration (p. 53). Et pour conclure, Philippe d’Hugues brosse un tableau très complet de ce que fut la scène littéraire au cours d’années qui ne furent pas noires pour tous (p. 58).

La Nouvelle Revue d’Histoire