« Quand j’étais en khâgne, se souvient François Jullien, l’un des esprits les plus acérés de notre temps, on nous appelait, avec un copain, les homérisants… Et je me suis de plus en plus convaincu que, si l’on cherche les catégories décisives de la pensée européenne (les catégories de l’ “action”, comme les catégories de la “connaissance”), c’est dans Homère ou Hésiode qu’il faut le faire, bien avant que dans Platon… Liez [l’Iliade et l’Odyssée] et vous obtenez les orientations décisives de la philosophie grecque[1]. »
Les poèmes fondateurs recèlent aussi la première expression d’une pensée historique. Au début de La guerre du Péloponnèse, Thucydide s’en rapporte à l’Iliade pour brosser à traits rapides l’histoire ancienne des Grecs, reconnaissant ainsi à Homère le mérite d’en avoir jeté les fondements. Mais ce mérite était peu au regard du reste. Inspiré par les dieux et par la poésie, ce qui est tout un, Homère nous a légué la source oubliée de notre tradition, l’expression grecque de tout l’héritage indo-européen, celte, slave ou nordique, avec une clarté et une perfection formelle sans équivalent. C’est pourquoi Georges Dumézil relisait intégralement l’Iliade chaque année.
Qui était Homère ? Laissons de côté les discussions des érudits. Seul importe ce que pensaient les Anciens. Pour ces derniers, la réalité du divin poète ne faisait aucun doute. De même n’ont-ils jamais douté de sa double paternité pour l’Iliade et l’Odyssée[2].
Actualité et transmission d’Homère
L’actualité d’Homère a été rappelée en 2007 par l’exposition organisée par la BNF[3]. Elle présentait pour la première fois les riches collections de son Cabinet des médailles. Comme l’écrivait Patrick Morantin, commissaire de l’exposition : « il faut d’abord admirer qu’à distance de 3000 ans un ensemble d’une telle ampleur nous soit parvenu. Quelle vénération a dû entourer l’œuvre du Poète, quelles que soient les époques, pour que cette masse poétique ait traversé les guerres, les vandalismes, les accidents, les censures, l’ignorance ! Combien d’œuvres de l’Antiquité tardive ont été perdues tandis qu’aujourd’hui nous pouvons lire dans leur intégralité l’Iliade et l’Odyssée ! » Et Morantin ajoutait : « L’Iliade est peut-être, avec le Nouveau Testament, l’œuvre que nous connaissons par le plus grand nombre de sources. »
On sait que Platon disait qu’Homère était « l’éducateur de la Grèce ». Il fut donc aussi le nôtre. L’œuvre, toute d’abord orale, remonte au VIIIe siècle avant notre ère. Deux siècles plus tard, trois hommes d’Etat athénien, notamment Pisistrate, ont fait établir une première édition écrite qui remonte donc au – VIe siècle. Plus tard, précisent les commissaires de l’exposition, entre le IIIe et le IIe siècles avant notre ère, « au Musée d’Alexandrie Homère était l’auteur le plus étudié ; il fut aussi le premier à faire l’objet d’une véritable édition. Cette activité critique commence avec Zénodote d’Ephèse dans la première moitié du IIIe siècle avant notre ère, et culmine avec Aristarque de Samothrace, dans la première moitié du siècle suivant. (…) A partir du IIe siècle avant notre ère, le texte devient uniforme. Les travaux des érudits alexandrins avaient fixé une norme à laquelle tout le monde se référait désormais. » La source commune était l’édition établie à Athènes au -VIe siècle à la demande de Pisistrate.
Du Moyen Age à la Renaissance
La mémoire des poèmes a souffert de la fin de l’Empire romain d’Occident sans toutefois disparaître : « Si, dans l’Occident médiéval, le lien avec le texte original d’Homère fut rompu, le nom du Poète ne cessa pas d’être vénéré et l’on entretint le souvenir de ses héros et de leurs aventures. Homère continua indirectement de nourrir l’imaginaire du Moyen Age à travers les poètes latins classiques comme Virgile, Ovide, Stace, les résumés latins de l’Iliade, les œuvres apocryphes de Darès le Phrygien et de Dictys de Crète, les romans médiévaux comme le Roman de Troie [de Benoît de Sainte-Maure] et leurs adaptations en prose (…) si bien que les héros et la matière de l’épopée étaient connus du public cultivé lorsqu’à la Renaissance quand l’Iliade et l’Odyssée furent redécouvertes dans leur texte original » en grec.
Paradoxalement, en dépit de sa christianisation, l’empire byzantin « veilla à la transmission des auteurs anciens. La tradition classique fut ainsi maintenue à Byzance où, de 425 à 1453, les écoles de Constantinople en demeurèrent comme les piliers. C’est pourquoi il est impropre de parler de “renaissance” dans l’Empire romain d’Orient. En Occident, en revanche, la redécouverte d’Homère fut un fait marquant pour les premiers humanistes italiens ». A la demande de Pétrarque qui ne lisait pas le grec, la première traduction latine de l’Iliade fut réalisée en 1365-66.
L’événement déterminant fut la chute de Constantinople en 1453. Peu avant, de nombreux Byzantins lettrés s’étaient réfugiés en Italie. C’est ainsi que parut à Florence en 1488 la première édition princeps en grec de l’Iliade et de l’Odyssée. La première traduction en français de l’Iliade fut réalisée en 1577 chez Breyer.
Dans un entretien qui ouvrait le catalogue de la BNF, Jacqueline de Romilly soulignait que l’Iliade et l’Odyssée révèlent un haut degré de civilisation au sens du raffinement des mœurs. L’historienne ajoutait : « Mon maître Louis Bodin, grand spécialiste de Thucydide, m’a dit peu avant sa mort : “Maintenant, pour moi, il n’y a plus qu’Homère”. Et c’est un peu pareil pour moi, maintenant ; on retourne à l’essentiel, au tout à fait pur. »
Etre toujours le meilleur
Dans ces poèmes circule la sève d’une éternelle jeunesse. Ils sont la source de notre littérature et d’une part importante de notre imaginaire. Leur style prodigieusement inventif peut sembler tout d’abord un peu déroutant avec ses attributs répétitifs qui servaient de repères aux auditeurs antiques[4]. Mais il faut entrer dans le texte et bientôt on en est envoûté.
En composant l’Iliade, Homère se fit le créateur de la première de toutes les épopées tragiques, et avec l’Odyssée celui du premier de tous les romans. L’une et l’autre placent l’individualité des personnages au centre du récit, ce que l’on ne trouve dans la tradition d’aucune autre civilisation. Comme l’a souligné André Bonnard, l’Iliade est un monde peuplé d’innombrables personnages distincts les uns des autres. Pour les faire vivre, Homère ne les décrit pas, il lui suffit de leur prêter un geste ou une parole. Il y a des centaines de guerriers qui meurent dans l’Iliade, mais par un trait spécifique, le Poète leur donne une vie singulière à l’instant de mourir. « Et Diorès tomba dans la poussière, sur le dos, tendant les bras vers ses camarades » (IV, 524). Un seul geste et nous voici touchés par ce Diorès inconnu et son amour de la vie.
Survient la mort du Troyen Harpalion, un brave, qui ne peut maîtriser un mouvement de frayeur : « Faisant volte-face, il se replia sur le groupe de ses camarades en même temps qu’il regardait de tous côtés, qu’un trait de bronze ne vînt frapper sa chair. » Il s’affaissa dans les bras de ses compagnons et, sur le sol, son corps exprima sa révolte en se tordant « comme un ver » (XIII, 654).
Presque tous les personnages de l’Iliade, hormis les femmes, les enfants et les vieillards, sont des guerriers. La plupart sont braves, mais ils ne le sont pas de la même façon. La bravoure d’Ajax, fils de Télamon, premier des Grecs après Achille par sa stature impressionnante, sa force et sa bravoure impavide, têtu comme un roc, impressionnant : « Tel s’en va le prodigieux Arès [dieu de la guerre], quand il se rend à la bataille… Tel le prodigieux Ajax, rempart des Achéens, s’élança, un sourire sur son visage farouche. Et ses pieds sous lui allaient à grands pas, tandis qu’il brandissait la javeline dont l’ombre s’allonge. A sa vue, les Argiens [Achéens] furent dans une grande joie. Un tremblement terrible pénétra les membres de chacun des Troyens, et le cœur d’Hector même cognait dans sa poitrine… Ajax s’approcha semblable à une tour… » (VII, 208-219). Un combat singulier, un duel, s’engagea, plein de feu, entre Ajax et Hector qui, après moult assauts, fut blessé au cou. « La javeline fit suinter le sang noir ». Comme la nuit tombait, des hérauts d’armes intervinrent entre les deux combattants pour les séparer. Homère nous fait découvrir à quel point le combat répond à des règles chevaleresques. Les deux adversaires conviennent de suspendre l’assaut jusqu’au lendemain, se couvrant mutuellement déloges, échangeant même leurs armes (VII, 303-305). Aussi obstiné soit-il, Ajax s’est incliné, ayant le sentiment d’avoir triomphé dans ce duel .
Différente est la bravoure du jeune Diomède. Il a la fougue et l’élan de la jeunesse. C’est le plus jeune des héros de l’Iliade après Achille. Il n’est jamais las. Après une dure journée de combats, il s’offre encore pour une périlleuse expédition de nuit dans le camp troyen, en compagnie d’Ulysse, guerrier aussi brave que rusé et circonspect.
Diomède est aussi l’un des tempéraments chevaleresque du Poème. Un jour, engageant un combat forcené contre un Troyen, il apprend soudain, au moment de le frapper de sa lance, qu’il s’agit de Glaucos, fils d’un hôte et ami de son père : « Alors Diomède le brave fut saisi de plaisir et, plantant sa lance dans la terre nourricière, il adressa à son noble adversaire ces mots pleins d’amitié : En vérité, tu es un hôte de la maison paternelle et nos liens sont de vieille date… Par ton père et par mon père, soyons désormais amis l’un pour l’autre. Ainsi parla Diomède… » Là-dessus, les deux guerriers sautent de leurs chars, se serrent les mains et concluent l’amitié (VI, 229).
Homère honore l’individualité enracinée, et non l’individualisme qui en est la perversion. Avec le respect de l’adversaire, en dépit des combats implacables, ce sont les assises de notre tradition. On en retrouve la trace dans cette Iliade moderne que sont les Orages d’acier d’Ernst Jünger. Ces assises vivantes dominent toute la psyché européenne, la tragédie et la philosophie. Elles s’inscrivent dans l’art à partir de la statuaire grecque, elles irriguent les institutions politiques et le droit.
Homère ne conceptualise pas comme le feront les philosophes, il donne à voir, il montre des exemples vivants, enseignant les qualités qui font d’un homme un kalos agathos, noble et accompli. « Etre toujours le meilleur, dit Pelée à son fils Achille, l’emporter sur tous les autres » (Iliade, VI, 208). Etre beau et brave pour un homme, être douce, aimante et fidèle pour une femme. Le poète a légué à l’état de condensé ce que la Grèce a offert par la suite à la postérité, la nature comme modèle, l’effort vers la beauté, la force créatrice qui pousse à toujours se surpasser, l’excellence comme idéal de vie.
L’Iliade, poème de la destinée
L’Iliade n’est pas seulement le poème de la guerre de Troie, c’est celui de la destinée telle que la percevaient nos ancêtres boréens[5], qu’ils soient grecs, celtes, germains, slaves ou latins. Le Poète y dit la noblesse face au fléau de la guerre. Il dit le courage des héros qui tuent et meurent. Il dit le sacrifice des défenseurs de leur patrie, la douleur des femmes, l’adieu du père à son fils qui le continuera, l’accablement des vieillards. Il dit bien d’autres choses encore, l’ambition des chefs, leur vanité, leurs querelles. Il dit encore la bravoure et la lâcheté, l’amitié, l’amour et la tendresse. Il dit le goût de la gloire qui tire les hommes à la hauteur des dieux. Ce poème où règne la mort dit l’amour de la vie et aussi l’honneur placé plus haut que la vie, et qui rend plus fort que les dieux.
En 16 000 vers et 24 chants, le Poème rapporte un bref épisode à la fin des dix années du siège de Troie, vraisemblablement au XIIIe siècle avant notre ère. Troie, autrement appelée Ilion (d’où l’Iliade), est une puissante cité fortifiée, édifiée à l’entrée des Dardanelles, sur la côte asiatique de l’Hellespont, frontière constante entre l’Occident et l’Orient. Pas plus que les historiens d’aujourd’hui, ceux de l’Antiquité, Hérodote ou Thucydide, n’ont douté de la réalité des événements servant de cadre à l’Iliade. Les Troyens sont des Boréens (Européens) de même race que leurs adversaires grecs, les Achéens « à la blonde chevelure », également appelés Argiens (originaires d’Argolide) ou Danaens (descendants du mythique Danaós). À cette différence près que les Troyens sont associés à l’Asie, et pas seulement pour des raisons géographiques. Leur armée compte des contingents barbares (étrangers au monde grec), ce que confirmeront les découvertes archéologiques du XXe siècle sur leurs relations avec le très composite empire hittite.
Selon la tradition, le conflit avait une origine mythique faisant intervenir les dieux qui se partagent entre les deux camps. Par vengeance, Aphrodite (Vénus chez les Latins) accorde à Pâris, jeune prince royal de Troie, fils du vieux roi Priam, le pouvoir de s’emparer d’Hélène, la plus belle des femmes, déjà mariée à Ménélas « aux blonds cheveux », un Achéen, roi de Sparte. Le rapt d’une épouse royale par un étranger, est un crime qui frappe tous les Achéens. Lors des épousailles, chacun des seigneurs grecs avait juré de faire respecter l’union de Ménélas et de la trop désirable Hélène. Aussi, une armée s’est-elle rassemblée à Aulis avec ses vaisseaux rapides, comparables aux futurs drakkars vikings, et s’est dirigée vers les rives asiatiques de la Troade. On se vengera de Troie et on ramènera Hélène. Ainsi commence la guerre : « Toute la terre, au loin, riait de l’éclat de l’airain… »
Colère et retournement d’Achille
Après dix ans d’un très long siège assorti de razzias alentour, une querelle oppose Agamemnon, chef de la coalition achéenne, et Achille, le plus fameux héros de son camp. Abusant de son pouvoir, Agamemnon s’empare de Briséis « aux belles joues », jeune captive aimée d’Achille. Tel est le prétexte et le début du poème: « Chante, déesse, d’Achille la colère funeste…» Cette déesse qui chante l’épopée, c’est la Muse, dont le Poète est l’interprète, ce qui souligne ses liens avec le monde divin.
En proie à une juste colère, après avoir copieusement insulté Agamemnon, Achille décide d’abandonner la bataille et « se retire sous sa tente » (la formule fera école) ainsi que ses hommes (les Myrmidons).
Cette colère d’Achille, principal héros de l’Iliade avec le Troyen Hector, est le pivot du poème. Son retrait et celui des siens ont pour les Achéens les plus graves conséquences. La victoire les abandonne. Dans la plaine, sous les murailles de Troie, ils vont subir trois défaites toujours plus désastreuses. D’assaillants, ils sont réduits à la défensive. Ils doivent même construire un camp retranché autour de leurs navires. Ce retranchement est bientôt forcé par les Troyens que conduit Hector, le plus fameux fils de Priam. L’ennemi s’apprète à mettre le feu aux vaisseaux des Grecs et à les jeter à la mer.
Tout au long de ces dures batailles qui emplissent le poème de carnages et d’exploits, l’absence d’Achille n’est pas autre chose que le signe éclatant de la sa force et de son pouvoir. Les plus braves des chefs achéens, le massif Ajax, le fougueux Diomède, l’habile Ulysse, tentent vainement de le remplacer.
Une nuit de noire tragédie, entre deux désastres, tandis qu’Achille, dans sa tente, se ronge dans l’inactivité à laquelle il s’est condamné, il voit venir une ambassade conduite par les deux plus grands chefs de l’armée, Ajax et Ulysse. S’est joint à eux le vieux Phénix qui tente de lui faire entendre la voix de son père. Devant le danger, Agamemnon s’est repenti. Il restitue Briséis et offre de somptueux présents à titre de réparation. L’ambassade échoue. Achille s’entête dans sa rancune, se mettant en faute à son tour (Chant IX).
Le lendemain, les Troyens forcent les défenses des Grecs. Hector incendie déjà un navire. A l’autre extrémité du camp, Achille voit s’élever ces flammes. Malgré son obstination, il ne peut rester insensible aux supplications de son ami Patrocle, un autre lui-même. Il accepte de faite rentrer ses troupes dans la bataille et revêt Patrocle de sa propre armure. Cette contre-offensive refoule les Troyens. Mais Patrocle est tué par Hector. La douleur d’Achille est effrayante, mais elle le rend à la vie, déchaînant chez lui une fureur et une rage de vengeance contre Hector, meurtrier de Patrocle.
Ainsi s’opère dans le Poème un renversement complet de l’action dramatique qui était gelée par le retrait d’Achille. Fou de douleur, le héros achéen rentre dans le combat : « Tel un prodigieux incendie fait rage à travers les vallées profondes d’une montagne desséchées, la forêt brûle, et le vent, qui la pousse en tout sens, en fait tournoyer la flamme. Tel en tout sens bondit Achille. Il allait, semblable à la nuit… » (chant XVIII). Après un duel féroce, il tue Hector, puis se déchaîne sur sa dépouille, la traînant sans fin dans la poussière derrière son char.
Achille et Hélène face au Destin
A la douleur de la mort de son ami, s’ajoute pour Achille la certitude de son propre sort. Une ancienne prédiction veut qu’il soit tué sitôt qu’il aura pris la vie d’Hector. Cela, Achille le sait depuis toujours. A la différence d’autre héros morts au combat, il connaît par avance son destin et l’a choisi. Il ne le subit pas comme un fatalité à la façon des Orientaux, il l’affronte. Tout jeune, le choix lui a été offert entre une vie longue et paisible loin des combats, et une vie intense, coupée net dans l’éclat de la bataille. Et c’est celle-là qu’il a voulue, léguant aux hommes de l’avenir un modèle de grandeur tragique. Libre d’illusions, il sait qu’il n’aura pas d’autre vie : « La vie d’un homme, dit-il au chant IX, ne se retrouve pas ; jamais plus elle ne se laisse enlever ni saisir, du jour où elle est sortie de l’enclos de ses dents… » C’est une pensée qui nous parle.
En comparaison des textes sacrés d’autres peuples et d’autres cultures, la liberté et la souveraineté des héros d’Homère est unique. Certes, les dieux interviennent dans l’Iliade, à temps et contretemps, mais sans vraiment peser sur l’autonomie des hommes. Leurs nombreuses interventions ne font que précipiter ce qui se serait de toute façon accompli. Et l’on sent bien qu’Homère ne les prend pas tout à fait au sérieux (hormis peut-être Athéna), ce qui scandalisera Platon, esprit guindé et moralisateur. En réalité, les dieux d’Homère sont des allégories des forces de la nature et de la vie.
Le dernier chant de l’Iliade est le théâtre d’un retournement, quand le vieux Priam vient implorer que lui soit rendu le corps d’Hector, son fils, on voit Achille se montrer peu à peu accessible à la compassion. Transformé par sa propre souffrance, le héros se révèle plus complexe que ne le suggérait sa violence sauvage
Il n’y a pas que des héros et des guerriers dans l’Iliade, il y a aussi des femmes (Hélène, Hécube et Andromaque), des enfants (Astyanax), des vieillards (Priam). Il n’y a pas non plus que des braves. Il y a Pâris, dont les étranges amours avec Hélène sont à l’origine de la guerre de Troie. Exécutant la volonté d’Aphrodite, il a été le séducteur et le ravisseur d’Hélène. Auteur involontaire de la guerre, c’est aussi lui qui la refermera en tuant Achille d’une flèche traîtresse, épisode que rapporte pas le Poème, et que suggère seulement la prophétie formulée par Hector à l’instant de mourir (XXII, 359-360).
Pâris, le bellâtre souvent lâche et vaniteux, est aux antipodes de son frère Hector qui le méprise. Hector est le pur héros, protecteur de Troie, alors que Pâris est le « fléau de sa patrie ». La femme qu’il a enlevée et séduite, Hélène, le méprise et ne se gène pas pour l’injurier : « Te voilà donc de retour du combat ! Ah ! que tu aurais donc mieux fait d’y périr sous les coups du puissant guerrier qui fut mon premier époux ! » (III, 428-436). Elle le déteste, mais, par la volonté d’Aphrodite, elle est asservie à son magnétisme sexuel. Une fois encore, Homère n’explique pas, il raconte et ce qu’il dit est plein d’une complexe vérité.
Hélène est à l’opposé de Pâris. Elle est morale face à son amant amoral. Elle se révolte contre la soumission physique qu’Aphrodite lui impose. Sa nature était faite pour l’ordre. Elle ne cesse de regretter le temps où tout était rangé dans sa vie : « J’ai quitté ma chambre nuptiale, mes proches, ma fille chérie… Aussi je languis dans les larmes. » Rien ne la prédisposait à tenir le rôle de la femme adultère, instrument de la ruine de deux peuples. Rien, sinon l’intervention des dieux, autrement dit de la fatalité.
Avec une grande vérité qui nous émeut, l’Iliade montre ainsi plusieurs natures antagonistes, Hélène et Pâris, Achille et Hector.
Stoïcisme et patriotisme d’Hector
Achille est l’incarnation de la jeunesse (il a moins de 30 ans). Il est aussi l’incarnation de la Force. Il est la Force rayonnante et indomptée devant laquelle tout s’incline. Une Force soumise à la passion. Achille ne domine rien, il subit tout, Briséis, Agamemnon, Patrocle, Hector. Les circonstances déchainent en lui une tempête après l’autre. Tout en lui défie la mort. Il n’y pense jamais, alors qu’il la sait proche. Il aime assez la vie pour en préférer l’intensité à la durée. Etrange destin ! Son amour de la gloire, son impatience et sa colère le tiennent éloigné de l’action pendant les dix-huit premiers chants du Poème, au point de mettre les siens en danger. Pour sauver l’armée, il suffirait qu’il se lève, ce que lui dit Ulysse : « Lève-toi et sauve l’armée… »
Réveillée par la mort de Patrocle, la Force se lève : « Achille se leva… Une haute clarté rayonnait de sa tête jusqu’au ciel, et il s’avança jusqu’au bord du fossé. Là, debout, il poussa un cri, et cette voix suscita parmi les Troyens un tumulte indicible » (XVIII).
Tout l’oppose à Hector à qui va implicitement la sympathie d’Homère. Le Poème des Achéens donne donc en exemple leur principal ennemi. Connaît-on l’équivalent d’une telle noblesse dans nos récits nationaux ou dans les livres sacrés de l’Orient extrême ou proche ? S’il est brave autant qu’Achille, Hector n’a pas une bravoure aveugle. Il incarne la figure même du courage stoïque. Il n’ignore pas la peur. Il la surmonte. Pressentant que tout est perdu, il se battra jusqu’au bout de ses forces.
Hector est aussi l’incarnation du patriotisme. L’honneur se confond pour lui avec le devoir. Il est prêt à mourir, non pour sa propre gloire, mais pour son pays, sa femme et son enfant. Il les défendra contre toute espérance, car il sait que Troie est perdue.
Rien de plus charnel que l’amour d’Hector pour sa patrie, dont sa femme et son fils sont les images concrètes. Il ne cache pas ses inquiétudes à Andromaque avant de la quitter pour retourner au combat : « Je sais qu’un jour viendra où la sainte Troie périra, et Priam, et le peuple de Priam. Mais ni le malheur futur des Troyens, ni celui de ma mère, du roi Priam et de mes frères courageux, ne m’affligent autant que le tien, quand un Achéen cuirassé d’airain te ravira ta liberté et t’emmènera pleurante… Que la lourde terre me recouvre mort avant que j’entende tes cris, avant que je te voie arrachée d’ici… » (VI, 447-465). A ces mots, il tend les bras vers son fils. Mais l’enfant éclate en sanglots, épouvanté par le casque étincelant de son père. En riant, Hector dépose ce casque, et remet l’enfant à Andromaque qui prend son fils dans les bras « avec un rire en pleurs ». Scène où éclate le génie poétique d’Homère. Par délicatesse, Hector va corriger ses sombres prédictions : « Cesse de t’affliger, dit-il à Andromaque. Nul ne peut m’envoyer sous terre avant l’heure fixée… »
L’instant d’avant, Andromaque suppliait Hector de ne pas s’exposer. Maintenant, elle n’y songe plus. Elle a compris qu’il défend sa liberté et leur mutuelle tendresse. Il y a dans ce dernier entretien des deux époux quelque chose d’unique dans la littérature antique, une parfaite égalité dans l’amour. On ne cesse de découvrir la richesse incomparable de l’Iliade, qui s’achève par la préparation des funérailles d’Hector, sans les épisodes de la mort d’Achille ou du « cheval de Troie » qui ne seront succinctement évoqués que dans l’Odyssée (chants XI et VIII).
L’Odyssée. La place de l’homme dans le cosmos
Le second des grands poèmes, raconte en 12 000 vers et 24 chants le difficile retour d’Ulysse vers sa patrie. Un retour contrarié par mille pièges redoutables. L’Odyssée est donc le poème du retour et celui de la juste vengeance.
Mais l’Odyssée est plus que cela. Sous des prétextes narratifs différents de l’Iliade, le second poème suggère la « vue du monde » propre aux Hellènes. Il montre quelle est la place de l’homme dans la nature et sa relation avec les forces mystérieuses qui la commandent.
La mise en harmonie des mortels avec l’ordre cosmique est au cœur des poèmes homériques. Mais le Ciel d’Homère se place au-delà des époques primitives de la fondation du cosmos évoquées par les anciens mythes, dont le contenu sera mis en forme dans la Théogonie d’Hésiode : l’affrontement d’Ouranos et de Cronos, le combat des dieux olympiens et leur victoire sur les titans. De tout cela, le Poète ne retient que la lumière olympienne, sans se soucier d’édifier un système cohérent. Chez Homère, la cohérence n’est pas dans le discours. Elle est en lui.
La rupture puis le retour à l’ordre cosmique forment la trame de l’Odyssée. Involontairement, Ulysse a provoqué la colère de Poséidon en aveuglant son fils, le cyclope Polyphème. Ainsi en est-il du destin des hommes. Sans l’avoir voulu, ils provoquent des désastres et la colère des dieux (figuration des forces naturelles). Ensuite, il leur faut lutter et endurer des tourments pour retrouver l’harmonie perdue. Ce sera le sort d’Ulysse. Affrontant les épreuves terrifiantes imposées par Poséidon qui l’a précipité dans le monde du chaos, celui des monstres (Charybde et Scylla) et des nymphes possessives ou perverses (Calypso, Circé, les Sirènes), sans compter une visite au royaume des morts, inlassablement, le navigateur bataille pour échapper aux pièges et retrouver sa place dans l’ordre du monde. Précipité de pièges en périls mortels, il va mettre dix ans à revenir chez lui. Ce n’est pas seulement le prétexte, pour Homère, de charmer son public par des histoires fantastiques. Le long périple d’Ulysse est tendu par le désir invincible d’échapper au chaos et de retrouver le cosmos ordonné des hommes « mangeurs de pain ». Sans doute l’amour pour Pénélope et la nostalgie d’Ithaque sont-ils au cœur de ce désir du retour. Mais ils ne font que traduire l’espoir d’être de nouveau ajusté à l’ordre du monde. Ayant retrouvé et reconquis sa patrie, Ulysse pourra reprendre pied dans la chaîne des générations, comme un fragment d’éternité.
Dans l’ultime séquence, chaque épisode de la reconquête d’Ithaque s’imprime dans la mémoire jusqu’au massacre des “prétendants” (usurpateurs d’Ithaque). Comment le héros se fait reconnaître par son fils Télémaque et comment ils ourdissent ensemble le plan minutieux de la vengeance. Comment Ulysse arrive à son manoir, déguisé en mendiant, que seul reconnaît son vieux chien Argos, lequel en meurt de joie. Comment il est reconnu par sa vieille nourrice, Euryclée, à la vue d’une cicatrice ancienne, souvenir d’une mémorable chasse au sanglier. Et voici maintenant Pénélope, troublée, inquiète, interrogative. Puis vient le moment de la juste vengeance dans une orgie de sang. Et les retrouvailles enfin possibles avec Pénélope. Alors intervient Athéna, qui retarde l’arrivée de l’Aurore « aux doigts de rose » pour que la nuit du retour dure longuement…
Dans l’Odyssée, Homère ne chante pas seulement la mémoire des héros. Il glorifie Euryclée, la vieille nourrice d’Ulysse, ainsi qu’Eumée, son porcher, deux personnages subalternes, donnés pourtant en exemples pour leur intelligence et leur fidélité. Leur rôle est capital dans la reconquête d’Ithaque. Grâce à Homère, ils n’ont pas cessé de vivre jusqu’à nous.
Le poème de la féminité respectée
En raison de la présence affirmée de Pénélope, l’Odyssée est aussi le poème de la féminité indépendante et respectée. Lorsque Pénélope apparaît dans la grande salle du palais d’Ithaque, grande et belle, ses voiles brillants ramenés sur ses joues, semblable à l’Aphrodite d’or, les genoux des “prétendants” se dérobent et le désir envahit leur cœur (Odyssée, XVIII, 249).
Amante, épouse et mère, Pénélope est en charge du petit royaume d’Ithaque en l’absence d’Ulysse, signe de la considération portée à la féminité. Bien d’autres femmes sont présentes chez Homère. Dans l’Iliade, Hélène, Andromaque, Hécube et Briséis. Dans l’Odyssée, de nouveau Hélène, Calypso et la charmante Nausicaa. Mais Pénélope les éclipse toutes, hormis peut-être Hélène qui est à part. Contrainte, à la façon des femmes de notre temps, d’inventer l’art de rester féminine dans un monde social dominé par des valeurs masculines, elle souffre souvent mais n’abdique jamais. Elle sait se maintenir belle et désirable en dépit de l’âge. Elle connaît aussi l’importance de la pudeur pour vivre dans la société des hommes. Quand elle est par trop tourmentée, elle se réfugie dans le sommeil, veillée par Athéna. Face à la meute avide des prétendants, elle n’engage pas la lutte sur le terrain masculin de la violence. Elle ruse, sourit, invente le stratagème de la toile toujours à refaire, tournant à son avantage la convoitise dont elle est l’objet, et qui ne lui déplaît peut-être pas. Au retour d’Ulysse, pourtant le plus rusé des hommes, elle le berne quelque peu lui aussi, feignant de ne pas le reconnaître, même après qu’il ait massacré les “prétendants” avec l’aide de leur fils, Télémaque. Il devra d’abord prouver son identité par l’épreuve du secret du lit conjugal, avant qu’elle ne consente à se donner à lui. Dans quel récit sacré d’autres cultures trouverait-on l’équivalent de Pénélope et de sa rayonnante féminité ?
L’ordre politique du bouclier d’Achille
Derrière le récit, se manifeste aussi une vision du monde et de la vie qui éveille le souvenir d’une sagesse perdue. Chez Homère, les forêts, les roches, les bêtes sauvages ont une âme. La nature tout entière se confond avec le sacré et les hommes n’en sont pas isolés.
Si le monde d’Homère prend le cosmos pour modèle, il reçoit une description sociale ordonnée dans l’allégorie du bouclier d’Achille (Iliade, ch. XVIII) forgé par Héphaïstos. S’y trouvent décrites deux cités, l’une en paix, l’autre en guerre, les deux visages de la vie. On découvre que la cité grecque à venir, avec ses citoyens, ses institutions, ses devoirs réciproques, est déjà présente dans le monde homérique. Hector dit explicitement qu’il meurt pour la liberté de sa patrie (Iliade, VI, 455-528). Le fondement de l’organisation sociale et de la paix civile est l’unité ethnique de la cité et le respect des lois, garantis par les anciens. Les hommes sont heureux dans une société heureuse, celle qui ressemble toujours à elle-même, où l’on se marie comme les aïeux se sont mariés, où l’on laboure et l’on moissonne comme on a toujours labouré et moissonné. Les individus passent mais la cité demeure.
Comme l’a souligné Marcel Conche, la société qui peut lire son avenir dans son passé est une société en repos, sans inquiétude. Sur cette permanence se fonde le sentiment de sécurité. Au contraire, les nouveautés, le « progrès » apporteront le trouble. Quand on rêve de cité idéale et de lendemains meilleurs, se trouve tué alors en chacun le contentement de soi. Dès lors, domine le mécontentement de soi et du monde. Ce qui, au contraire, se trouve figuré sur le bouclier d’Achille, c’est une société heureuse, toute à la joie de vivre comme elle a toujours vécu. Les noces sont joyeuses, l’équité règne, l’amitié civique est générale. Quand la guerre survient, la cité attaquée fait front, tout le peuple se porte sur les remparts, l’ennemi n’a pas d’allié dans la place. Quelle paix pour l’âme !
Le Destin commande aux dieux et aux hommes
Les héros d’Homère ne sont pas pourtant des modèles de perfection. Ils sont sujets à l’erreur et à la démesure en proportion même de leur vitalité. Ils en payent le prix, mais jamais ils ne sont soumis à une justice transcendantale punissant des péchés définis par un code extérieur à la vie. Ni le plaisir des sens, ni celui de la force, ni les jeux de la sexualité ne sont assimilés au mal.
Au chant III de l’Iliade (III, 161-175), la trop belle Hélène est conviée par le vieux roi Priam sur les murailles de Troie, afin de lui décrire les deux armées en présence, alors qu’une trêve vient d’être conclue. Bien consciente d’être la cause involontaire de la guerre, Hélène gémit, disant qu’elle voudrait être morte. Priam lui répond alors avec une infinie douceur qui nous surprend : « Non, ma fille, tu n’es coupable de rien. Ce sont les dieux qui sont coupables de tout ! » Quelle délicatesse et quelle hauteur de vue de la part du vieux roi, dont tous les fils seront tués. Mais quelle généreuse sagesse aussi, qui libère les humains de la culpabilité dont les accablent si souvent d’autres croyances.
En plaçant ces paroles dans la bouche de Priam, Homère ne dit pas que les hommes ne sont jamais coupables des malheurs qui les frappe. Il montre ailleurs combien la vanité, l’envie, la colère, la bêtise et autres travers peuvent provoquer de calamités. Mais dans le cas précis de cette guerre, comme dans beaucoup de guerres, il souligne que tout échappe à la volonté des hommes. Ce sont les dieux, le sort ou le destin qui décident.
L’histoire nous a enseigné combien est sensée cette interprétation. Comment ne pas être frappé par sa sagesse alors que tant de religions accusent les humains et leurs péchés supposés de tous les désastres dont ils sont victimes, y compris les tremblements de terre [6] ?
Mais les mots de Priam ont une portée plus large encore. Ils suggèrent que, dans la vie des humains, bien des fautes que l’on imagine telles, sont souvent l’effet du sort. Cette distance par rapport aux mystères des existences, ce respect pour autrui sont une constante dans les poèmes homériques. On peut y voir une preuve du très haut niveau de civilité et de sagesse du monde que décrit Homère, à tel point qu’en comparaison le nôtre pourrait souvent paraître barbare.
Homère nous a légué ainsi dans leur pureté inaltérée nos modèles et nos principes de vie : la nature comme socle, l’excellence comme but, la beauté comme horizon, dans le respect mutuel du féminin et du masculin. Le Poète nous rappelle que nous ne sommes pas nés d’hier. Il nous restitue les assises de notre identité, l’expression primordiale d’un patrimoine éthique et esthétique « nôtre », qu’il tenait lui-même en héritage. Et les principes qu’il a fait vivre par ses modèles n’ont pas cessé de renaître jusqu’à nous, preuve que le fil secret de notre tradition ne pouvait être rompu.
Dominique Venner
Notes
[1] François Jullien, entretiens avec Thierry Marchaisse, Penser d’un dehors (la Chine). Entretiens d’Extrême-Occident, Le Seuil, novembre 2000, p. 47. Philosophe et sinologue, François Jullien est professeur à l’université de Paris-7. Il est membre de l’Institut universitaire de France et directeur de l’Institut de la pensée contemporaine. Afin de retrouver l’authenticité de la pensée européenne, il a entrepris de la confronter à celle, totalement autre, de la Chine qui s’était développée de façon autonome, sans lien aucun avec les langues indo-européennes.
[2] Jacqueline de Romilly, Homère (Que Sais-je ? PUF, 1985)
[3] L’exposition de la BNF « Homère. Sur les traces d’Ulysse » était accompagnée d’un excellent catalogue publié au Seuil, réalisé par ses trois commissaires, Olivier Estiez, Mathilde Jamain et Patrick Morantin.
[4] Aucune traduction française n’est vraiment satisfaisante. Pour s’imprégner de l’Iliade, on se reportera de préférence à la traduction de Paul Mazon (Gallimard, Folio Classique, édition à laquelle la préface de P. Vidal-Naquet n’apporte rien). Pour l’Odyssée, on se reportera surtout à la traduction poétique de Philippe Jaccottet (La Découverte, 1982, Poche 2004). L’ouvrage de la collection Bouquin, Homère . L’Iliade et l’Odyssée, traduction de Louis Bardollet, comporte un utile appareil critique. On se reportera avec profit à l’essai de Jacqueline de Romilly, Hector (Editions de Fallois, Livre de Poche, 1997). On consultera aussi Marcel Conche, Essais sur Homère (PUF, 1999). On se reportera enfin à Dominique Venner, Histoire et tradition des Européens (Le Rocher, 2004, chapitres IV, V, VI).
[5] Le néologisme Boréen a un sens plus large qu’Indo-Européen qui est d’ordre linguistique. Il se rapporte au mythe grec des origines hyperboréennes.
[6] On pense aux célèbres interprétations du ras de marée qui détruisit Lisbonne en 1755, inspirées par ce que la Bible dit de Sodome et Gomorrhe, détruites en raison, dit-on, de l’immoralité de leurs habitants…